La Suède prévoit des changements majeurs dans sa législation sur les jeux de hasard suite à la publication d’une enquête gouvernementale dirigée par l’enquêteur Marcus Isgren. Ce rapport, remis au ministère des Finances, propose de nouvelles mesures pour renforcer la protection des consommateurs, sécuriser les recettes de l’État et sévir contre les opérateurs de jeux sans licence qui continuent d’atteindre les joueurs suédois par le biais de failles juridiques. Si elles sont approuvées, les nouvelles règles devraient entrer en vigueur le 1er janvier 2027.
Actuellement, la législation suédoise sur les jeux s’applique uniquement lorsque les opérateurs sont considérés comme « dirigés » vers la Suède, généralement par l’utilisation de la langue suédoise, de la monnaie locale ou par des stratégies de marketing spécifiques. Ce cadre a laissé une brèche permettant aux entreprises offshore de gérer des sites en anglais avec des paiements en euros tout en acceptant des clients suédois. Le rapport d’Isgren recommande l’abolition de ce « critère de direction » et propose d’introduire un « critère de participation ». Selon ce nouveau modèle, la question clé serait de savoir si les personnes situées en Suède peuvent accéder et participer aux jeux, plutôt que de vérifier si le site cible activement le marché. Pour rester en dehors du champ d’application de la loi, les opérateurs seraient obligés de prendre des mesures concrètes et efficaces pour bloquer les résidents suédois.
Le mémorandum publié par le ministère des Finances (Ds 2025:23) souligne que cette réforme vise à « exclure de manière plus efficace les jeux sans licence qu’il n’est actuellement possible », avec pour objectif plus large de dissuader la criminalité liée aux jeux et de renforcer la protection des consommateurs.
Au-delà de l’accès aux sites, l’enquête recommande des restrictions plus strictes pour ceux qui facilitent les jeux sans licence. La législation actuelle interdit déjà la publicité pour les opérateurs illégaux, mais les modifications proposées étendraient cette interdiction aux processeurs de paiement, aux institutions financières et à d’autres fournisseurs de services. Une règle de présomption est également incluse, obligeant toute personne traitant des paiements pour des sociétés de jeux à supposer que les transactions impliquent des résidents suédois à moins qu’il n’y ait une preuve définitive d’un jeu étranger. En pratique, cette mesure rendrait considérablement plus difficile pour les opérateurs sans licence de transférer des fonds vers et depuis la Suède.
Le ministre des Marchés Financiers, Niklas Wykman, qui a initié la révision de la loi sur les jeux en février 2025, a accueilli favorablement les propositions. Dans sa déclaration, il a décrit le rapport comme « une étape cruciale pour créer un marché des jeux plus sûr et plus équitable ». La prochaine étape verra les propositions examinées au sein des bureaux du gouvernement avant un débat parlementaire.
L’opérateur public Svenska Spel a également exprimé son soutien. La présidente et PDG Anna Johnson a salué les recommandations, les qualifiant de « longtemps attendues et bienvenues ». Johnson a souligné que « le blocage DNS des sites de jeux illégaux est une étape naturelle à franchir. Cela renforcerait davantage le marché des licences suédois ainsi que la protection des consommateurs suédois. »
Par ailleurs, l’Association suédoise des jeux en ligne (BOS) a également soutenu les changements, en particulier le passage à la criminalisation des opérateurs sans licence qui exploitent actuellement des failles réglementaires. Le secrétaire général de BOS, Gustaf Hoffstedt, a commenté que c’était une contribution importante à la possibilité de renforcer le marché des licences de jeux suédois, qui est maintenant proposé pour criminaliser presque tous les jeux sans licence en Suède. Il envisage que le gouvernement soumettra prochainement un projet de loi au Riksdag conformément à la proposition de l’enquête.
La BOS a longtemps plaidé pour des réformes, avertissant à plusieurs reprises que le critère de direction sape le système de licences. Début septembre, l’association a appelé à une enquête plus large sur les jeux pour traiter les fuites du marché, suggérant que l’assouplissement des restrictions strictes sur les bonus pourrait améliorer la canalisation. Hoffstedt a soutenu qu’un tel examen serait « la mesure la plus importante de ce gouvernement pour protéger et renforcer le marché légal des jeux réglementés, avant les élections en Suède en septembre de l’année prochaine. »
L’enquête gouvernementale arrive dans un contexte où le taux de canalisation de la Suède, mesurant la proportion de jeux effectués avec des opérateurs sous licence, est tombé à 85 %, comparé à 86 % un an plus tôt. Avec un objectif fixé à 90 %, les régulateurs considèrent que les réformes proposées sont essentielles pour inverser cette tendance.
Si le Riksdag adopte les recommandations, le nouveau cadre entrera en vigueur début 2027, marquant l’une des mises à jour les plus significatives de la réglementation des jeux en Suède depuis sa re-régulation en 2019.
Bertrand Robert est un rédacteur expérimenté dans le domaine des jeux d’argent en ligne et des casinos en lignes.